En 2025, pourquoi 1,3 million de Franciliens vivent-ils dans des conditions de logement inadaptées ?
La pénurie et la précarité du logement en Île-de-France atteignent un seuil critique, affectant désormais une personne sur dix dans la région. La Fondation pour le logement des défavorisés révèle un constat sévère : 1,3 million de Franciliens sont mal logés, soit à cause de l’insalubrité, de la suroccupation ou de l’absence totale d’un domicile fixe.
Les multiples visages du mal-logement en région parisienne traduisent une réalite complexe où habitat indigne, précarité énergétique et logement exigu s’entremêlent, fragilisant durablement les foyers concernés. Ce phénomène pèse lourdement sur la qualité de vie, en particulier pour les jeunes, qui quittent le domicile familial bien plus tard que dans le reste du pays.
Un tableau inquiétant des conditions d’habitat franciliennes
La composition des situations de mal-logement illustre une difficulté à concilier normes et besoins réels. Parmi les personnes touchées, 634 000 résident dans des logements trop petits de deux pièces ou plus selon les standards d’occupation. Par ailleurs, près de 30 % des locataires franciliens subissent une forme de surpeuplement modéré, mettant en lumière la saturation des logements.
| Type de mal-logement | Nombre de personnes concernées | Pourcentage de la population francilienne |
|---|---|---|
| Mal-logés au sens large | 1,300,000 | 10% |
| Logements trop petits (2 pièces ou plus en décalage) | 634,000 | 5.2% |
| Surpeuplement modéré | 1,200,000 | ~30% des locataires |
| Sans domicile personnel | 125,600 | 1% |
Logement social saturé : un accès de plus en plus difficile en Île-de-France
Face à la flambée des prix dans le parc privé, une forte demande se tourne vers le logement social. Fin 2024, 888 000 ménages attendaient un logement social en Île-de-France, soit le tiers de la demande nationale, pour seulement 65 000 attributions effectuées. Ce décalage signifie que 93 % des demandeurs restent sans proposition, certains patientant depuis plus de cinq ans.
Cette pression provoque une augmentation du nombre d’hébergements temporairement chez des tiers : en 2024, 207 000 demandeurs vivaient ainsi dans la famille ou chez des amis, un accroissement de 30 % en cinq ans. Des acteurs comme Action Logement, Emmaüs Habitat, Adoma, ainsi que les bailleurs sociaux tels que France Habitation, ICF Habitat et Paris Habitat ne suffisent plus à absorber la demande.
| Indicateur | Valeur | Évolution (2019-2024) |
|---|---|---|
| Demandes de logement social en attente | 888,000 ménages | +20% |
| Attributions de logements sociaux | 65,000 logements | Stable |
| Demandeurs hébergés par un tiers | 207,000 personnes | +30% |
| Durée moyenne d’attente (>5 ans) | 20% des demandes | En hausse |
Des organismes tels que Plaine Commune Habitat, Valophis Habitat, Elogie-Siemp ou encore Soliha, engagés pour l’accès au logement, dénoncent ce goulet d’étranglement et appellent à renforcer l’offre, tant dans le parc social qu’en régulant le secteur privé.
Hausse des expulsions et des impayés : une crise économique qui frappe les franciliens
La précarité financière aggrave la situation du logement à travers une recrudescence notable des expulsions. En 2024, un record a été atteint avec 8 106 expulsions en Île-de-France. Simultanément, 350 000 occupants font face à des impayés de loyers ou de charges, situation qui fragilise durablement les ménages les plus vulnérables.
Le rapport souligne aussi une crise du sans-abrisme avec 125 600 Franciliens sans domicile personnel, dont plus de 4 000 dorment dans la rue. Les appels au 115 restent largement insatisfaits chaque nuit, avec près de 2 000 personnes sans solution d’hébergement.
| Aspect | Nombre | Effet |
|---|---|---|
| Expulsions annuelles | 8,106 | Record historique |
| Personnes en impayé de loyers/charges | 350,000 | Vulnérabilité financière accrue |
| Sans domicile personnel | 125,600 | Défi humanitaire majeur |
| Sans solution d’hébergement (appel 115) | ~2,000 chaque nuit | Insuffisance des dispositifs |
Le facteur central reste la hausse disproportionnée des coûts immobiliers : depuis 2002, les loyers ont augmenté 1,6 fois plus vite que les revenus, tandis que les prix d’achat ont crû 4,5 fois plus rapidement. À Paris, cela limite sévèrement l’accès à la propriété, accessible à moins de 6 % des couples sans enfant.
Que préconisent les experts face à une crise du logement aux limites atteintes ?
Malgré une multiplication par trois des places d’hébergement depuis 2012, les dispositifs restent saturés. Éric Constantin, directeur régional de la Fondation pour le logement des défavorisés, pointe une absence de volonté politique puissante comme frein principal à une amélioration durable.
Renforcer et diversifier le parc social demeure un impératif, impliquant tous les acteurs engagés dans le secteur, d’Action Logement à Adoma, en passant par France Habitation et ICF Habitat. Parallèlement, préserver un parc privé accessible et lutter efficacement contre la spéculation sont essentiels pour endiguer la crise.
| Actions proposées | Description | Acteurs clés |
|---|---|---|
| Expansion du parc social | Construction et rénovation adaptées au besoin | Action Logement, France Habitation, Paris Habitat |
| Préservation du parc privé | Encadrement des loyers, lutte contre la spéculation | ICF Habitat, Adoma, Soliha |
| Renforcement de l’hébergement d’urgence | Augmentation des capacités et optimisation | Emmaüs Habitat, Plaine Commune Habitat, Elogie-Siemp |




